lundi 17 septembre 2007

Récit d'un voyage marquant..


Il y a 2 ans déjà, j'ai decidé de partir vivre quelque chose de fort. Depuis, ce voyage est resté gravé en moi. J'y pense chaque jour et je souhaite continuer à aider les personnes formidables que j'ai rencontré là-bas.

Si vous avez envie de vous dépayser un peu, voici les lignes qui retracent cet extraordinaire voyage :


p« Le véritable voyage est un retour vers l’essentiel »
Me voilà en Inde pour une immersion de près de trois mois. Dès mon arrivée, chaque indien que je croise me vient en aide. Plongée dans un autre monde, je me sens perdue et faible… Les repères d’occidentaux s’envolent… Mon angoisse se transforme rapidement en bonheur de nager au milieu d’eux. J’étais prévenue, mais cela n’a pas suffit : le paradoxe indien m’a choqué dès les premières minutes. Tout est sale et beau à la fois. L’horreur côtoie la pureté, la beauté. Pourtant après quelques jours dans cette fourmilière, tout me paraît déjà normal. Les colliers de fleurs vendus au milieu de la gare des bus à quelques mètres d’égouts qui débordent, les effluves d’encens mêlées aux étouffantes odeurs d’humidité…Mais la sérénité indienne est là et je la ressens très vite ; elle me donne la sensation d’avoir compris l’essentiel de la vie et d’avoir, entre le pouce et l’index, attrapé le bonheur au passage.

Ce voyage était devenu une nécessité : partir vivre quelque chose d’exceptionnel, aider ces gens dépourvus de tout, voyager vers l’inconnu, vers l’aventure et vers les autres…
Je ne vous raconterai que mon séjour dans la région la moins touristique et donc la plus traditionnelle : le Tamil Nadu où je suis restée deux mois. Cette expérience m’a offert de connaître l’Inde des humbles, l’Inde encore plus humaine que ce qu’elle n’est déjà ailleurs, du pur concentré d’humanité.

Etre parmi eux :
Dans la rue, tout est possible : des écoliers qui courent, des chiens qui agonisent, des rickshaws qui s’engouffrent dans les entrailles des ruelles, des poules perdues qui errent, des vélos acrobates, des mendiants déguisés, des commerçants qui vous invitent à boire le thé, des taxis Ambassador qui semblent rêts à écraser cette foule, des vaches qui se servent de leurs cornes comme d’un laisser-passer, des bus dont le nombre de passagers au mètre carré dépassent tous les records du monde… Et tout cela produit un bruit qui me rappelle le nombre de décibels d’une soirée techno. Trois mois là-bas et mes oreilles ne s’y habitueront toujours pas.

Il me faut absolument vous parler de ces bus…
Je ne les oublierai jamais ! Une main qui s’accroche à l’encadrement de la porte, un pied sur une marche, le corps entièrement dehors ; de nombreux hommes pendus à cette machine infernale ne me facilitent pas son accès. Ils n’échappent pas au contrôleur, sifflet à la bouche, uniforme beige, un ongle démesurément long en guise de ciseaux pour couper les tickets… Afin de n’épargner personne, le voici qui se « faufile » sans cesse d’un bout à l’autre du bus bondé, écrasant nos pieds, percutant nos hanches, bousculant notre pudeur et nous offrant, au passage, des relents qui témoignent de la chaleur ambiante. Même les plus démunis lui tendent une pièce, souvent coincée entre les seins, sous un sari, en compagnie de dizaines d’épingles à nourrice, outil de première nécessité. Les prix changent à chaque trajet : ce n’est qu’un mystère de plus dans ce pays irréel !

Attention ! Je manque d’heurter les codes sociaux…. Il est vivement déconseillé pour une femme de s’asseoir à côté d’un homme. Seules les sœurs, mères ou épouses y sont autorisées. De nombreuses femmes se retrouvent ainsi debout, posant leurs sacs de courses sur mes genoux et ceux de mes voisines assises…ces dernières me font souvent une place dans ce bus sandwich incomparable à notre confortable métro parisien. L’Inde est le berceau d’1,1 milliard d’habitants. Autant dire que l’on n’est jamais seul nulle part.

Avec des bouches la plupart du temps édentées, de vieilles femmes en sari me fixent d’un regard intrigué, et touchent parfois mes longs cheveux blonds. De peur de me retrouver avec une mèche en moins et afin de paraître plus « humaine », je leur lance alors un « Vanacom » (« Bonjour ») et quelques mots de tamoul, seconde langue du pays après l’hindi. Leurs visages s’illuminent : une blanche qui parle tamoul !

Un jour, un homme m’adresse la parole. Après quelques sourires désespérés, je lui adresse un « Yanaku Teriadu » (« je ne comprends pas»). L’homme surpris, me crie dans l’oreille : « I’m speaking english ! You dont speak english ? » … Je reste bouche bée et préfère répondre : « No, I don’t speak english… ». Inutile de poursuivre cette conversation de sourds.
Les échanges se résument rapidement à des gestes et des sourires, vrais et beaux... Des mains qui me tendent des cacahuètes grillées, sans regarder si je suis dans le besoin ou si je suis plus riche qu’eux. Ils nous donnent sans cesse le peu qu’ils ont ! Afin des les remercier, je tends, à mon tour, mes mains vers eux et tente de leur faire partager un peu de mon amour. Au lieu de rougir, ils rient fort, s’esclaffent et semblent fiers d’avoir « rendu indienne » une étrangère durant quelques minutes.
Prendre le bus, c’est s’immerger sans palier de décompression.


1 commentaire:

Unknown a dit…

Merci de partager ton magnifique voyage en Inde!